Une critique à 4 mains de Mi casa es su casa de José Pizarro
Où Chloé de Kantine Magazine et moi testons ensemble le livre de cuisine espagnole de José Pizarro
On vous a transféré cette newsletter ? Abonnez-vous gratuitement ici pour recevoir d'autres critiques de livre de cuisine.
~ Temps de lecture : 17 min. de lecture (oui, c'est long, mais c'est sous forme de dialogue, donc ça va 😅)
Hello tout le monde !
Ravie de vous retrouver pour une newsletter au format inédit. En effet, Chloé de Kantine Magazine a eu la gentillesse de me rejoindre pour une critique de livre de cuisine... A 4 mains !
Nous avons ainsi toutes deux acheté, à sa sortie fin avril, le dernier ouvrage de "cuisine espagnole maison" de José Pizarro. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais ce chef espagnol est à la tête de plusieurs établissements à Londres, tout en étant un prolifique auteur de livres de recettes et une figure médiatique outre-Manche. Mi casa es su casa est son premier livre traduit en français.
Nous avons donc cuisiné des recettes chacune de notre côté : plus d'une dizaine au total ! Vous verrez d'ailleurs qu'on n'a pas exactement choisi le même style de plat 😅
Et pour le format de cette newsletter, je me suis librement inspirée du format conversationnel du podcast Cookbook Club. C'est pourquoi on a fait l'inverse de ce que je fais habituellement dans la newsletter : on a d'abord parlé des recettes qu'on a testées, puis de différents aspects du livre.
***
Ca a été une vraie joie de faire cette newsletter avec Chloé. J'admire énormément son travail dans Kantine Magazine, sa plume et son sens artistique. Vous verrez tout de suite la différence entre ses photos et les miennes ! 🙊
Si nos talents en photographie sont aux antipodes, nos parcours de cuisinières maison sont assez proches : Chloé s'est mise à cuisiner sérieusement depuis 7 ou 8 ans, s'intéresse à de nombreux styles culinaires, et aime se pencher sur ses livres de recettes avec un regard aussi passionné que critique.
***
Vous vous souvenez de la grande messe d'il y a quelques années, lorsque nous étions des millions à nous asseoir religieusement devant notre télévision tous les lundis à 21h pour regarder le dernier épisode de Game of Thrones ? Là, nous n'étions que deux, mais j'ai retrouvé le temps de quelques recettes la joie de partager et de commenter avec passion un même objet.
Donc pour cela, merci infiniment Chloé. Et nous espérons que notre plaisir à préparer cette newsletter sera égal au plaisir que vous aurez à la découvrir.
Bonne lecture !
*Notre conversation a été éditée pour plus de lisibilité.
Conversations à bâtons rompus sur Mi casa es su casa de José Pizarro
Marjorie : Peux-tu me parler des recettes que tu as testées ?
Chloé : Déjà, j’ai beaucoup aimé le gaspacho à la cerise ! Elle m'a réconciliée avec le livre, après la recette d'agneau foirée dont je t'avais parlé la dernière fois...
M : Ah oui, le fameux agneau spongieux ! En plus, c'était la première recette que tu aies testée du livre, ma pauvre. Peux-tu nous en dire plus ?
C : Il s'agissait des Côtelettes d'agneau grillées à la salade de courgette citronnée (p 160). La friture était toute molle et la viande n'était pas assez cuite à l'intérieur, alors que j'avais bien suivi les instructions, de "laisser cuire 2 à 3 minutes" de chaque côté. Donc c'était vraiment pas ça.
M : En même temps, je ne sais pas comment tu aurais pu réussir la recette telle qu'elle est écrite. Je trouve ça bizarre de mettre la viande juste dans de la farine et de l'oeuf battu, sans panure à la fin. Et normalement, une viande comme ça, c'est mieux de la laisser sur une grille, plutôt que du papier absorbant.
C : Exactement. Du coup, j'ai fini de cuire mes côtelettes au four après la friture. Déjà que mon compagnon n'est pas très fan d'agneau, je n'ai pas réussi à le convaincre avec cette recette !
M : D'ailleurs, j'ai testé la Salade de courgettes citronnée qui accompagne ces côtelettes d'agneau, et elle ne m'a pas emballée. Après, j’ai du mal avec les feuilles de menthe dans les salades chaudes : elles noircissent vite, et je n'aime pas le goût légèrement amer qu'elles prennent. Mais c'est peut-être plus un goût perso qu'un défaut de la recette.
C : Oui, autant les côtelettes d'agneau, c'était raté, autant j’ai trouvé cette salade plutôt bonne, surtout l’assaisonnement. Et puis elle est assez simple à faire, donc je la referai certainement.
M : C'est bien, dés le début on aura parlé des choses qui fâchent avec LA recette ratée et LA recette où nos avis diffèrent, comme ça c'est fait ! 😅 Tu me disais par contre que le Gaspacho à la cerise (p 35) t'avait réconciliée avec le bouquin ?
C : Oui ! Comme j’habite pas loin de l’Espagne, j’ai l’habitude de manger du gaspacho. Mais je trouve que la cerise apporte une touche vraiment différente à ce plat traditionnel. Un petit côté sucré, mais qui reste subtil. Et la cerise ne prend pas le dessus sur la tomate. J’ai vraiment adoré.
M : Donc tu t’es fait ch*** à dénoyauter les 500 grammes de cerises de la recette ?!
C : Eh oui ! Je m'y suis attelée samedi matin avec mon fils. Avec quelques difficultés comme il a 2 ans, mais on y est arrivé ! Malgré cette étape, c'est vraiment une recette que je garderai. Je l'ai aussi suivie à la lettre pour ce qui est de la garniture, avec les croûtons de pain maison, le fromage de chèvre, les herbes fraîches... Et tout s’associe bien. Bref, ça change des gaspachos habituels. D'ailleurs, l'auteur explique bien dans son introduction que le gaspacho n'est pas spécifiquement un plat, mais un type de soupe froide. On connait tous celui à la tomate, mais il en existe en réalité plein de versions différentes.
M : Donc la recette passe le test ! Par contre, je suis en train de la relire en même temps, et je vois que la liste d'ingrédients parle de "300 ml de jus de tomates". Tu as fait la recette avec du jus de tomates ou de la vraie tomate ?
C : C’est vrai que cette partie-là n'était pas très précise. Moi, j’ai mixé des tomates.
M : Ca me paraît aussi plus logique d'utiliser des vraies tomates. Mais le fait que la quantité soit indiquée en ml porte à confusion.
C : C'est un des gros défauts du livre : il manque de précision. Disons qu'il ne faut pas être amateur. Ou alors, il faut que tu connaisses les saveurs espagnoles en question.
M : Je suis d’accord avec toi. Je vais prendre un autre exemple : la Tortilla aux fèves (p 32). J'aurais préféré que le livre précise que l'étape où tu retournes la tortilla allait être un peu compliquée. J'ai tellement galéré que j'ai du faire appel à mon mec.
Et il n'y a pas d'indication sur le sel ! Il dit juste "Assaisonnez généreusement", sauf que c'est difficile de savoir. Ca m'aurait arrangée qu'il dise que pour 5 œufs et 500 g de fèves, ça demande X cuil. à café de sel. Au final, ma tortilla était délicieuse, bien moelleuse, mais un poil trop salée parce que c'était la deuxième fois de ma vie que j'en faisais une, donc je n'avais pas l'assaisonnement instinctif.
C : En fait, si tu sais cuisiner, si tu as les bases, tu peux t'en sortir avec les recettes du livre. Sinon, ce sera compliqué. Justement, il faut que je te parle de la Lotte safranée grillée aux haricots doliques (p 93).
M : Ca me fait rire : après l'agneau, la lotte. Tu as vraiment fait les plats de luxe du bouquin, alors que j'ai choisi des recettes de gros radin 😅
C : On est complémentaires 😅 Et puis quitte à tester le bouquin, je me suis dit : autant y aller à fond ! Pour en revenir à la lotte, je cuisine régulièrement du poisson, mais la lotte jamais, comme justement ça coûte cher. On avait un repas un peu "exceptionnel", donc c'était l'occasion. Or la lotte est quand même un produit fin, où il faut faire attention à la cuisson. Et là, pareil, j’ai trouvé que l'auteur n'était pas assez précis ! Il dit juste “faites frire les filets 4 à 5 minutes de chaque coté, le temps de les dorer sans trop les cuire”.
M : "Sans trop les cuire" Haha, bonjour la précision !
C : Voilà ! Heureusement que j’ai l’habitude des cuissons et que j’ai vérifié si ma lotte était nacrée comme il fallait. Mais quand tu n'as pas l’habitude de ce genre de poisson, tu peux vite te planter et te retrouver avec une lotte caoutchouteuse. Finalement, la mienne était cuite comme il faut, mais pas hyper dorée... Par contre, c'était très bon quand même, elle a fait son petit effet, cette lotte.
M : En vrai, quand je regarde les ingrédients, ça ne peut que marcher, entre la sauce aux tomates, l'huile safranée... Et du coup, les haricots doliques, tu en as trouvés ?
C : Non, je suis allée à la simplicité, j'ai utilisé des haricots blancs demi-secs comme on a l'habitude d'en manger.
M : J’avais fait un tour du livre pour repérer les ingrédients qui seraient compliqués à trouver, et ces haricots doliques étaient un des rares à en faire partie. Mais à part ça et quelques autres ingrédients, ça va. C'est évidemment mieux si tu as une épicerie espagnole à portée de main, notamment pour te procurer du vrai pimenton de la Vera que l'auteur balance partout. Mais mon paprika fumé de supermarché a fait le job.
C : Ce n’est pas forcément un défaut du livre, mais si tu veux respecter certaines recettes à la lettre, ce n'est pas évident niveau ingrédients. Surtout que je vis à la campagne, à 30 kilomètres d'une ville. J'ai eu le cas sur une autre recette, l'Epaule de porc ibérique en sauce tomate au couscous citronné (p 166). Elle requiert du xérès oloroso, qui est un vin cuit très particulier, produit spécifiquement en Espagne. Comme je ne l’ai trouvé nulle part, il a donc fallu que je le remplace par un vinaigre balsamique de qualité, en suivant des recommendations sur Internet.
M : Ca a bien fonctionné ?
C : Franchement, j'ai adoré cette épaule de porc. D'ailleurs, il m’en reste, j’en mange en ce moment à tous les repas. Et puis c'est encore meilleur le lendemain : la sauce est bien épaisse, la viande est bien imbibée, donc elle est hyper fondante. Et le couscous citronné à côté est très bon aussi. Avec ses oignons rouges marinés, il ressemble à un taboulé amélioré.
M : J'ai aussi eu une super expérience avec une recette de viande. Il s'agit des Côtes de porc braisées et pommes de terre à la panure aromatisée (p 164). Qu'est-ce que c'était bon, ce truc ! Les côtes de porc étaient parfaites niveau cuisson. Par contre, je précise, elles ont pris moitié moins de temps à cuire que ce qui est indiqué dans le livre... Mais au final, ce plat réconfortant a fait l'unanimité. L'auteur raconte que c'est une des recettes préférées de son père, mais il a développé une version plus poussée pour le livre, avec notamment une chapelure citronnée à la sauge. Cette dernière fait vraiment la différence.
Cette recette illustre un aspect que j'aime bien du livre : il y a quelques plats "de pauvre" absolument délicieux. J’ai aussi fait le Velouté lacté à l'ail rôti (p 52), une excellente soupe avec juste du pain, du lait et de l’ail. Bon, pareil, là aussi j'aurais réajusté la recette, j'aurais mis encore plus d'ail pour qu'on le sente bien. Mais on a déjà beaucoup aimé cette première version.
Finalement, pour en revenir aux côtes de porc, j'en ai fait un repas pour 7 personnes pour moins de 100 balles ! En y incluant la tortilla que je mentionnais plus tôt, et deux recettes de salades du livre. Et j'avais plein de restes. Donc certes, le livre comprend des plats un peu luxes, mais aussi beaucoup de recettes pas très chères et délicieuses.
C : Et tu en as pensé quoi des salades ?
M : J'aime beaucoup les salades du livre. Globalement, je trouve tout son chapitre sur les légumes très alléchant, mais les salades sont particulièrement réussies.
J'ai adoré l'idée de génie de la Salade tiède aux artichauts (p 66) : des citrons caramélisés qui se marient très bien avec le reste des ingrédients.
Et j'ai bien aimé la Salade de tomates, betteraves, haricots blancs et grenades (p 58). L'auteur a raison, c'est une recette rapide qui se fait facilement avec ce qu'on a la maison. Tu sors ta conserve d'haricots blancs, tu balances des tomates... Bon d'accord, tu n'as pas tous les jours des grenades qui traînent dans ton frigo, mais ça reste facile à faire. Et la vinaigrette à la mélasse de grenade et au thym est très chouette. D'ailleurs, j'aime toutes les vinaigrettes du bouquin.
C : Oui, les vinaigrettes sont très bonnes ! Elles ont un supplément d’âme, un quelque chose en plus. Pareil pour les petites sauces qui accompagnent les viandes ou les poissons. Je pense par exemple à sa recette de sardines grillées. C'est très simple des sardines grillées, mais tu amènes autre chose avec la sauce verte qui vient avec.
M : Tout à fait. Je suis néophyte en cuisine espagnole, j'ai très peu de souvenirs de mes voyages en Espagne il y a plus de dix ans, comme à l'époque je n'étais pas aussi attentive à la gastronomie. Mais j'ai gardé le souvenir de plats simples, mais très bons. Le livre a un peu cet esprit-là : quelques ingrédients bien choisis et cuisinés dans une simplicité qui fait sens. En clair : c’est bon comme ca, donc pas besoin de chercher plus loin. C'est l'exemple de tes sardines grillées accompagnées d'une bonne sauce et d'une salade de lentilles. Ou de la salade d'agrumes avec chorizo et oeuf au plat.
C : Et puis le livre s'y prête bien, parce qu'il est beaucoup dans les légumes d'été, que tu peux facilement travailler en toute simplicité. D'ailleurs, il faut le noter, ça : Mi casa es su casa est plutôt un livre de recettes d'été, surtout qu'il s'inspire d'une région de l’Espagne très ensoleillée, l'Estrémadure. Ce n'est pas une critique, mais un constat.
M : C'est vrai. Est-ce qu'il voulait aussi se plier un peu à l'image de l’Espagne qu'on a à l'étranger, à savoir des tomates, des poivrons, et des piquillos ? Mais tu as raison de le préciser.
C : Ca m'a frappée, aussi parce que j’ai un autre livre de cuisine espagnole, écrit par Claudia Roden.
M : Autrice qu’il mentionne dans l’intro !
C : Tout à fait. J’ai depuis longtemps The Food of Spain dans ma collection, que j’utilise pas mal. C’est une encyclopédie de cuisine espagnole, donc ca n’a rien avoir avec Mi casa es su casa. Il est davantage tourné vers une cuisine de terroir et des classiques, et contrairement au livre de José Pizarro, là tu parcours vraiment toutes les saisons. Le livre est très intéressant pour son côté exhaustif, quasi d'ethnographie culinaire.
Donc finalement notre livre d'aujourd'hui le complète bien, avec son univers de chef. Oui, ça reste pour moi un livre de chef. Je ne sais pas ce que tu en penses ?
M : J’hésite. Je dirais oui et non. Oui, parce qu’en termes de saveurs et de construction des recettes, tu sens quand même la patte d’un professionnel. Et non, parce que les recettes restent plus accessibles que d'autres livres de chefs plus classiques. Le fait qu'il ait déjà publié beaucoup de livres doit aussi jouer. Ce n'est pas un one-shot où il doit aligner tous ses plats signature. Là, c'est un concept de cuisine familiale remodernisée où il peut s'adonner à des recettes faisables par le grand public.
C : Au fait, on n'a pas encore parlé des desserts ! Tu en as fait un ?
M : J’ai seulement essayé le sirop qui accompagne la Macédoine de fruits tropicaux (p 203), qui est d'ailleurs une des rares recettes particulièrement inutiles du livre.
C : Comme la recette de châtaignes grillées. Mais qui va faire ça ?! 😅
M : Exactement ! Le livre en a quelques unes dans ce style... Mais bon, le sirop de la salade de fruits était quand même sympa, parce qu'il a la bonne idée d'être aromatisé à la verveine citronnée et au thym. Et toi, tu as fait quoi ?
C : J’ai fait le Gâteau de Santiago à la crème au xérès (p 211).
M : Oh, ce n'était pas lourd ? La photo m'a donné l'impression que le gâteau est mastoc.
C : Pas du tout ! Le gâteau est très aérien et très bon, on sentait bien le goût d’amande. Pour le coup, j’étais assez contente de la recette, parce que l'auteur explique bien qu’il faut incorporer délicatement les blancs en neige à la cuillère pour que le dessert soit aérien, et non un biscuit tout plat. Moi qui ne suis pas experte en pâtisserie, j'ai réussi mon gâteau. Par contre, je n’ai pas fait la crème au xérès. Je n’avais pas envie d’user un pot de crème fraîche en sachant que que ça n’allait pas vraiment se manger autour de moi.
M : Comme moi qui veux faire toutes les recettes de poisson et de fruits de mer du livre, mais je vis avec quelqu’un qui ne mange ni l’un ni l’autre, donc tant pis pour ma poire 😅
C : Maintenant que tu en parles, par rapport à d'autres livres généralistes, le livre propose pas mal de recettes de fruits de mer, et elles ont toutes l’air super intéressantes, c'est un bon point.
M : Tu as raison, comme la recette de moules aux aromates.
C : Ou les huîtres en saumure.
M : On pourrait toutes les énumérer 😅
***
M : On a beaucoup parlé des recettes, donc je te propose de revenir sur le livre dans sa globalité. Et déjà, j'aimerais te dire que je m'en suis voulue, parce que c'est quand même moi qui t'ai survendu le bouquin, en te disant qu'il était magnifique et tout et tout. J'avais feuilleté la VO en librairie, et ce premier contact m'avait fait une forte impression. Mais quand, quelques mois plus tard, j'ai découvert la VF, qui ne doit pas être bien différente du bouquin original, et que j’ai vu ces INNOMBRABLES photos de l'auteur, je me suis demandé comment ca ne m’avait pas sauté aux yeux la première fois ?! Donc désolée.
C : Haha, j'avais effectivement mis dans mes notes : “beaucoup de photos de lui” 😅 Et de son entourage aussi. Après, c’est la teinte de l’ouvrage. C'est un livre de retour aux sources, où les recettes s'inspirent de son répertoire familial. Mais oui, toutes ces photos, c’est assez égocentré.
M : En fait, je pense que j'ai eu un tel coup de coeur pour les saveurs du livre que j'ai réagi de manière irrationnelle, et j’ai oblitéré ce truc qui d’habitude me soûle dans les autres livres de cuisine. A part les desserts qui sont une autre histoire, je pourrais faire avec plaisir 95% des recettes.
Plus que ça, je pourrais manger sans problème les plats du livre pendant un mois sans me lasser. Je suis en train de préparer une grosse newsletter sur Ottolenghi, donc j'ai cuisiné 3 recettes de Flavour ces derniers jours. C'était délicieux, mais tu voies, j'ai déjà envie de passer autre chose. Alors que je suis certaine que je pourrais manger les plats de Mi casa es su casa pendant un bout de temps sans en avoir marre. C’est très personnel, mais les saveurs de ce livre me parlent profondément.
C : A contrario, moi je pense que je pourrais faire les recettes d’Ottolenghi pendant un mois sans me lasser, mais en alternant entre les livres. Et à force de les pratiquer, je sais que ses recettes vont très bien marcher.
M : C'est juste. Mais là, les saveurs tapent tellement dans le mille que je veux bien pardonner aux recettes leurs imprécisions - même si c'est irrationnel, encore une fois. Sinon, que pourrait-on ajouter d'autre à propos du livre ?
C : Les textes d'introduction. Certaines sont intéressantes, car elles nous permettent d'en apprendre plus sur la cuisine de la région. Mais elles sont parfois assez culcul. J’ai l’impression qu’il s’est dit : "faut que je fasse une intro pour chaque recette" et qu’il ne savait pas quoi raconter !
M : C'est très juste. Ses intros partent souvent sur du perso, mais c’est pas du perso touchant comme j’ai pu le lire dans d’autres livres de cuisine. Je me suis même demandé comment l’éditeur français a pu laisser passer certains passages à la traduction, tellement ils sonnaient faux. Pour le coup, il n'a pas la plume d’Ottolenghi 😅
M : Pour finir, est-ce que pour toi, ça valait le coup de dépenser 30 balles pour le bouquin ?
C : Un grand oui ! Si on n'avait pas fait cette newsletter ensemble, je n'aurais pas acheté de moi-même cet ouvrage. Mais je regrette pas du tout mon achat, au contraire. Maintenant que j’ai fait plusieurs recettes, que je suis allée plus loin dans le livre, je suis certaine que je vais l'utiliser encore. Surtout quand j’aurai des repas de famille, ou lorsque j'inviterai des copains. Les recettes de viande et de salades me serviront bien. En fait, toutes les recettes sont élégantes, ont un petit twist, un truc en plus. Quand tu es fan de livres de recettes et que tu en testes pas mal, le livre fait la différence.
M : Et on n'a pas évoqué le fait qu'à part les photos inutiles, le livre reste beau, avec une jolie mise en page et une chouette typo.
C : Oui ! Et pas besoin d'avoir de grosses lunettes, le texte est lisible. Et le sommaire et l'index par ingrédients vont à l'efficacité, donc on retrouve facilement les recettes.
M : Finalement, je suis contente qu'on ait testé toutes les deux un livre de cuisine espagnole. Quand on pense cuisine méditerranéenne, on pense de suite cuisine italienne ou grecque, mais beaucoup moins cuisine espagnole. Or je trouve que ce livre rend un bel hommage à la cuisine espagnole, surtout par rapport à d'autres titres qui m'ont paru un peu scolaires. Je ne sais pas si les Espagnol(e)s de souche trouveront le livre legit, mais il a au moins le mérite de non seulement aller plus loin que des recettes attendues, mais aussi de sortir des clichés malheureux qu'on peut avoir de la cuisine espagnole, à savoir une cuisine parfois un peu grasse et pas très sophistiquée.
C : En tout cas, ça m’a donné envie de creuser encore plus la cuisine espagnole.
M : Et c'est le plus important !
***
En résumé
Mi casa es su casa n'est pas un livre que Chloé et moi nous recommandons aux amateurs, mais à des cuisinier(e)s qui ont les bases, parce qu'on a quand même du réajuster certaines recettes ou essuyer les plâtres, comme avec la recette de côtelettes d'agneau ! Mais à part celle-ci, toutes les recettes qu'on a testées étaient bonnes, voire très bonnes pour certaines. On a aimé l'élégance générale des recettes, leur petit truc en plus. Les recettes de fruits de mer et les salades nous ont marquées. Bref, niveau saveurs, le livre est splendide - ça c'est moi qui utilise des superlatifs 😅 Et globalement, l'ouvrage est beau, même s'il faut passer outre les trop nombreuses photos de l'auteur et de son entourage, et les textes un peu niais. Voilà, vous savez tout !
Le mot de la fin
N'hésitez pas à me dire en commentaire ou par e-mail si ce nouveau format vous a plu. Si c'est le cas, Chloé et moi nous renouvellerons certainement l'expérience. Je me suis dit en retranscrivant nos échanges (17 min. de lecture de quand même ! Désolée pour le pavé 😅) que ça aurait été cool en audio, mais ma voix a le charisme d'une huître (non saumurée), donc ça n'arrivera jamais 🤷♀️
Je vous invite évidemment à consulter le compte Insta et le site de Kantine Magazine, où elle aborde régulièrement des livres de cuisine (voir sa jolie collection ici). Elle publiera également sur Mi casa es su casa, avec des photos toujours plus belles !
Je vous retrouve la semaine prochaine pour la dernière newsletter ouverte à tous(te)s de la saison, et d'ici là, amusez-vous bien en cuisine !
Des bises,
Marjorie
Ps. Un GROS MERCI aux personnes qui ont déjà répondu au questionnaire et donné leur avis sur la newsletter. Vos réponses m'aident et m'encouragent beaucoup, et j'ai noté vos nombreuses suggestions. Votre participation étant anonyme, je ne peux pas répondre directement, mais je vais le faire ici pour quelques unes :
Déjà, aux personnes qui m'ont écrit de GROS PAVÉS DE MALADE, je vous aime.
A la personne qui aimerait que j'écrive une critique de livre sur la cuisine végétarienne : d'accord, je me lasse vite comme je l'ai dit plus haut, mais quand même, je suis en train de tomber amoureuse de Flavour d'Ottolenghi. Les recettes sont un cran au-dessus en termes de complexité, mais ça en vaut largement le coup. Donc pour le moment, c'est THE livre de cuisine végé que je recommanderais. Voilà, et vous aurez plus de détails dans quelques mois 😉
A la personne qui a besoin de tout à tout moment dans son placard - y compris des gnochettis sardi que je suis allée googler ! je penserai à elle la prochaine fois que je regarderai ma boîte où j'ai en vrac : des lentilles vertes, des lentilles corail du boulgour, du couscous fin, du couscous gros, du quinoa, du freekeh, du sarrasin, de la semoule de maïs, des haricots noirs, et j'ai pas fini la liste ! Alors que c'était ma résolution 2023 de baisser mon stock ! Donc on est (au moins) 2 😅
Et à la personne qui a eu la gentillesse de me dire qu'elle me lirait même si je parlais de moteurs de voiture, je la remercie du fond du coeur, car c'est le plus beau compliment du monde.
J'aurais voulu dire un mot pour chacun(e), mais après cette newsletter va vraiment devenir trop longue 😅 En tout cas, encore mille mercis. Et si jamais vous n'avez pas encore répondu à ce questionnaire (5 min. max sauf si vous écrivez des gros pavés), n'hésitez pas !