[A lire et à manger] Interview d'une super abonnée et mes recos de janvier
Plein de recommendations autour des livres de cuisine et de la bouffe
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Bonjour à tous et à toutes !
Aujourd'hui, j'inaugure un nouveau format. Eh oui, encore ! Je vous avais bien dit début janvier que ce début 2023 serait placé sous le signe de la nouveauté 🙃
"Fourre-tout" n'est peut-être pas le meilleur nom du monde, j'avoue. Mais au début, j'avais pensé à "Soupe à tout", qui est pire, donc estimons-nous heureux... 😄
En tout cas, ça illustre bien le propos : des recommendations en vrac autour de notre sujet préféré, les livres de cuisine et la bouffe. Avec des articles, des livres, des comptes Insta à découvrir... Un peu comme ce que font d'autres auteur(rice)s en fin de newsletter, sauf que chez moi, ça occupera une newsletter entière !
Je voulais aussi avoir un espace où vous donner la parole à vous, les abonné(e)s. C'est quelque chose que j'avais envie de faire depuis longtemps, et qui m'a été maintes fois suggérée. Donc je suis heureuse de pouvoir lancer ça aujourd'hui.
Cette rubrique reviendra tous les mois. Elle sera envoyée soit à tous les abonné(e)s comme aujourd'hui, soit uniquement aux abonné(e)s payants.
Sur ce, sans plus attendre...
🎤 Parole aux abonné(e)s : Myriam
>> Le concept : proposer à un(e) abonné(e) de partager ses livres de cuisine préférés.
Et ce premier épisode est consacré à Myriam !
Myriam vit en région parisienne, et a grandi entre la Réunion et le Niger d’où ses parents sont originaires. Responsable de partenariats agence, elle est, à ses heures perdues, l'instigatrice de nombreux projets. Elle est la créatrice du blog The MyMyProject, et fonde actuellement avec ses deux sœurs le collectif Les Soeurcières - elles viennent d'écrire un ouvrage publié chez Nimba Editions, faisant le portrait de 20 femmes incroyables qui ont marqué l’histoire du continent africain.
On a commencé à échanger avec Myriam il y a plusieurs mois déjà, et j’ai immédiatement pensé à elle pour ce premier épisode. Déjà parce qu’elle était hyper sympa, la base, comme d'habitude ! 😊 Mais aussi parce que sur Insta, elle partageait des titres que j'aurais directement ajoutés à ma wishlist. Par exemple, In the Kitchen, essays on food and life, ou le dernier livre de recettes de Julia Turschen. C'est toujours merveilleux de rencontrer quelqu’un avec qui tu partages les mêmes goûts en livres, surtout quand ils sont un peu niches comme dans le cas de ces ouvrages anglo-saxons.
Autre point commun : Myriam collectionne les livres de cuisine autant pour les recettes que pour les histoires qu’ils racontent. Et vous verrez que ça se ressent dans les titres qu'elle partage avec nous aujourd’hui.
Ah, et je vous recommande évidemment de suivre son compte Insta. Elle publie régulièrement sur des essais féministes, ou de la littérature africaine et afro-américaine. J'ai découvert un paquet d'auteur(rice)s et de comptes Insta bibliophiles grâce à elle !
Allez, trêve de blabla, je laisse la parole à notre invitée du jour.
*Notre conversation a été éditée pour plus de clarté
Commençons par le commencement : comment as-tu pris goût aux livres de cuisine ?
Je me souviens que lorsque nous étions petites, ma sœur aînée et moi, on adorait feuilleter les livres de cuisine de ma mère. Deux livres m’ont marquée en particulier.
Le premier, La cuisine aux pays du soleil, mélangeait cuisines africaines et arts de la table. Il t’apprenait où disposer le couvert à poisson, comment dresser une table, où placer les convives, ce genre de choses… Ca me fascinait, je me souviens avoir passé littéralement des heures à regarder ce livre quand j’étais enfant ! Mais les recettes étaient également très bonnes, donc je te le conseille vraiment si tu peux mettre la main dessus.
Le deuxième était un livre de cuisine pour enfants édité par l’Unicef, qui comprenait des recettes de plein de pays différents. Ils en sortaient un chaque année, mais c’est surtout le premier, Les petits cuisiniers, livre de cuisine du monde, qui nous a marquées ma sœur et moi. On l’a beaucoup cuisiné petites. Je me souviens par exemple d’une recette qui s'appelait les “épinards à la manchega”. C'étaient des épinards à la sauce tomate, tout simples. Mais même encore maintenant, quand on fait cuire des épinards dans de la sauce tomate, mes sœurs et moi, on dit qu’on prépare des "épinards à la manchega" !
Je pense qu’avoir grandi avec ces deux livres a beaucoup contribué à mon amour pour les livres de cuisine une fois adulte.
Mais au-delà de ces deux titres, ma mère possédait également beaucoup de livres de recettes. Donc pour mes sœurs et moi, c’était normal d’en avoir plein à notre tour. Voir notre mère entourée de livres de cuisine, et le fait que dans notre famille, cuisiner c’était transmettre de l’amour… Ca nous a imprégnées. Je crois que c’est pour ça qu’on est devenues très livres de recettes avec mes sœurs .
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Quel serait le premier livre que tu nous recommanderais ?
J'aime deux types de livres de cuisine. En premier, je pense aux livres que j’ai vraiment usés, dont j’ai fait plusieurs recettes. C'est ce qu’on entend généralement quand on dit “livre de cuisine préféré” !
Mais j’aime aussi des livres de cuisine que je n’ai pas forcément cuisinés, mais qui sont de beaux objets. Ce sont des livres que j’apprécie dans leur ensemble, entre le storytelling, la couverture, les photos, les illustrations, etc.
Le premier livre que j'ai envie de partager rassemble les deux aspects : il s'agit des What to Cook and How to cook it de Jane Hornby. J’ai les deux titres : le classique, publié en 2010, et une suite davantage consacrée à des recettes d’été, Fresh & Easy. C’est surtout du premier dont je veux te parler.
What to Cook and How to cook it est donc à la fois un très bel objet et un livre que j’ai beaucoup cuisiné.
Déjà, les recettes sont très simples à suivre. Les ingrédients ne sont pas compliqués à trouver. C’est bien expliqué, et tu es aidé(e) par les photos qui te montrent les étapes. Par exemple, j’ai appris à faire des lasagnes grâce à ce livre !
Le style de cuisine du livre est axé cuisine simple et chaleureuse, avec des recettes de plats pour “être ensemble”. Ce sont des basiques simples et efficaces, qui fonctionnent. Alors certes, tu n’auras pas un effet waouh. Par exemple, j’ai fait de meilleurs cookies grâce à d’autres livres. Mais la recette de cookies de What to Cook and How to cook it, elle fonctionne, elle fait le job. Et c’est ça qui me plaît dans ce bouquin : tu n’auras pas de mauvaise surprise si tu suis la recette. Tout le monde peut adopter le livre de Jane Hornby, quelque soit son niveau.
Enfin, j’ai bien aimé qu’on y trouve un peu de tout : pas seulement de la cuisine britannique, dont l’autrice est originaire, mais aussi de la cuisine mexicaine, chinoise, même française comme le livre comprenait même une recette de coq au vin !
[Nota Bene : le livre a été traduit en français sous le titre Que cuisiner et comment le cuisiner. Il est disponible en occasion sur Internet ou en bibliothèque.]
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Ton deuxième livre…?
Il s’intitule The Groundnut, de Folayemi Brown, Timothy Duval, et Jacob Fodio Todd.
Ce livre joue plus dans la seconde catégorie, comme je n’en ai cuisiné aucune recette, mais c’est un livre qui correspond à une période de ma vie.
Lorsque jeune adulte, j’ai emménagé à Londres, il a fallu que je recrée des liens, me refasse un cercle d’amis… A cette époque, les trois auteurs du livre organisaient des dîners improvisés. Ce projet leur permettait d’explorer leur double-héritage, comme ils ont grandi au Royaume-Uni et possèdent des racines ghanéennes, nigérianes, sierra-léonaises et soudanaises. Mais c’était aussi l’occasion pour eux de rassembler des gens de milieux différents, autour d’une cuisine de l’Afrique subsaharienne revisitée.
Ces supper-clubs étaient fantastiques. J’en ai gardé un très bon souvenir : il y avait des gens de toutes les couleurs, de toutes les religions… J’y ai rencontré des personnes qui sont devenues des ami(e)s.
Donc quand ils ont sorti leur livre 3 ans plus tard, c’était un moyen pour moi de les soutenir. Mais maintenant que Londres est loin derrière moi, The Groundnut est surtout devenu un livre doudou, un peu affectif. Il me rappelle des souvenirs de cette époque... C’est ma madeleine de Proust, si tu veux.
[Nota Bene : vous pouvez voir des extraits du livre sur le site de Timothy Duval et tester des recettes grâce au Guardian]
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Et enfin, que conseillerais-tu comme 3e livre ?
Alors là, j’hésite entre deux titres !
D’un coté, il y a Plenty, parce qu’évidemment, il fallait bien évoquer Ottolenghi à un moment donné 😄
J’ai beaucoup cuisiné ce livre. Les recettes sont très cool. Et par rapport aux autres livres d’Ottolenghi, je trouve que celui-ci a les ingrédients les plus simples. J’ai presqu’envie de dire : une fois que tu as ton zaatar, du lait de coco, quelques légumes, enfin, les ingrédients qu’il utilise tout le temps, tu es parée !
Et le deuxième livre correspond à une autre période de ma vie. C'est quand j’étais étudiante, dans la vingtaine, et que j’aimais suivre des auteurs et des autrices culinaires. J’en appréciais notamment deux, Keda Black et Trish Deseine. Et je pense notamment à un livre de cette dernière, qui s’appelle Ma petite robe noire et autres recettes.
Je l’ai tellement aimé ce livre ! Je pense que j’étais la bonne cible, parce qu’il prenait l’angle de la mode, sujet qui me passionnait à l’époque. Le principe de l’ouvrage de Trish Deseine était de partager des recettes qui lui correspondent bien, comme quand une robe te va parfaitement.
Et pourquoi ce livre en particulier ? Parce que je pense qu’il m’a introduit à un type de livre de cuisine que j’aime beaucoup depuis, qui sont les livres de cuisine de partage.
Partage dans le sens où ces livres vont plus loin que “juste” des recettes. Tu rentres dans l’intimité d’une personne, dans un récit. C’est un peu comme si on te prêtait un projet de vie, et je trouve ça passionnant.
Il y a par ailleurs un coté très généreux, très accessible chez Trish Deseine. Elle n’est pas prétentieuse, et le livre lui-même n’est pas pompeux. Tu ne te dis pas que tu ne pourras jamais cuisiner le livre, comme c’est le cas avec des livres de chef(fe)s. Au contraire, tu te dis que “si elle, elle peut, alors moi aussi”. Et c’est ce côté très “positif”, où tu te dis “moi aussi, je peux le faire”, que j’aime dans ces livres de cuisine.
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Encore merci Myriam pour tes recommandations !
Myriam m’a aussi partagé ses derniers coups de coeur et achats, soit 7 titres supplémentaires. Ils sont partagés en exclusivité dans la dernière partie de la newsletter réservée aux abonné(e)s payants 🙂
📰 3 articles à lire dans la presse
>> Je fais pas mal de veille pour la newsletter et pour mon petit plaisir personnel. Voici 3 articles que j'ai aimé lire autour des livres de cuisine ou de la bouffe en général.
"L'édition culinaire conquise par la recette “Simplissime”" de Virginie Félix (Télérama)
Si comme moi, vous êtes des gros snobs du livre de cuisine - on est entre nous, on peut se l'avouer 😅 Et que vraiment, vous ne comprenez pas pourquoi les Simplissime ont tellement de succès, cet article vous apportera des éléments de réponse. Une anecdote rigolote que ce dernier mentionne ? Les adaptations à l'étranger : sans foie gras pour les Britanniques, et sans boudin pour les Américains !
"Getting Lost in the World’s Largest Stack of Menus" d'Adam Reiner (Taste)
De quoi griser les amateur(rice)s de papier que nous sommes : la collection de menus de restaurants de la New York Public Library, qui compte pas moins de 40 000 exemplaires ! Ces menus, datant de la fin du 19e et du début du 20e siècle, ont été accumulés à la même époque grâce à l'opiniâtreté d'une seule bénévole, Frank E. Buttolph, dont l'article retrace la contribution.
"Deborah Madison is done with cookbooks. Now, she’s making corn dogs and fried chicken" de Deborah Madison et Joe Fassler (The Counter)
Quand l'autrice d'une dizaine de livres de cuisine végétarienne se met à cuisiner de la viande pour son conjoint pendant la pandémie. Un témoignage qui ne plaira peut-être pas forcément à tout le monde, mais que j'ai trouvé honnête et assez touchant. Surtout, il raconte un fait tout simple, et qu'on a tendance à oublier à force d'opposer les gens et leurs régimes alimentaires : les personnes changent au cours de la vie, leurs façons de manger aussi, et c'est bien normal.
👀 3 comptes Insta que j'aime zieuter
Camille Brossard se présente comme une "turophile du turfu". Si vous ne connaissiez pas le mot, moi non plus. Voilà une nouvelle occasion de briller en société ! 😁 Sur son compte, vous retrouverez donc beaucoup de fromages, mais aussi les coulisses d'une fromagère, des pensées personnelles, et surtout de l'humour et de la bonne humeur.
Un compte Instagram tout cosy, tout joli, aussi réconfortant qu'un roman d'Ito Ogawa. On y retrouve des photos de petits-déjeuners, des sandwiches, de tasses de café... Et surtout des petites boîtes archi-mignonnes de chocolat ou de biscuits, qui témoigne de l'art du packaging japonais.
S'il y a des expert(e)s en esthétique food sur Instagram parmi vous, j'aimerais bien que vous me disiez le nom de ce style de cuisine que je vois énormément sur le réseau social. Ni rétro, ni nature, ni méditerranéo-machin-chose, mais un mélange de tout ça. Je ne sais pas d'où ça vient, et par ailleurs, ce n'est pas forcément la bouffe que je préfère manger. Mais à regarder, ça me plaît beaucoup.
📚 3 livres que j'ai ajoutés à la méga-base
>> Dans la méga-base, je mets tous les titres de livres de bouffe qui m'intéressent, mais que je n'aurais sans doute jamais l'occasion de traiter dans la newsletter. Au moins, je ne garde pas ces titres que pour moi : peut-être en acheterez-vous certains ! Cette méga-base est accessible uniquement aux abonné(e)s payants, et comprend quasi 200 titres à ce jour. Voici 3 ajouts récents.
Breadcrumb, art in your sandwiches, de Collectif (Onomatopée)
Un livre d'artistes autour des sandwiches, tout simplement. Voici un extrait du résumé traduit par la librairie belge Peinture Fraîche, grâce à qui j'ai découvert l'ouvrage : "Allant de la sculpture à l’imagerie trouvée, en passant par le dessin et bien d’autres choses encore, Breadcrumb compile et réfléchit à quarante et une recettes de sandwichs réalisées par des artistes de différents endroits du globe, présentant le sandwich comme un objet flou et en expansion, dépourvu de définition stricte." Intriguant !
Noodles, please !, de Cheryl Yau Chepusova, illustrations de Rebecca Hollingsworth (The Collective Book Studio)
Un abécédaire pour les enfants, en anglais, sur le thème des nouilles à travers le monde. J'adore l'idée ! "A is for Ash Reshteh, B is for Bun Cha"...
Le livre est passé direct dans mon top 3 des cadeaux à offrir aux jeunes parents - avec les peluches en forme de légumes ou de hot-dog, là 😄
L'Epicerie du monde, sous la direction de Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre (Fayard)
Un essai qui propose "une histoire du monde par les produits alimentaires". L'objectif ? Mieux comprendre les processus et les effets de la mondialisation à travers des produits et des plats bien connus, tels que "les frites, le parmesan, la chorba ou le ceviche en passant par la margarine". Un titre qui a l'air passionnant et accessible.
😆 Et un truc qui m'a fait rire
Mais j'espère qu'à la fin, Monsieur Glouton envoie paître son régime !
Le mot de la fin
J'espère que ce nouveau format vous plaira !
Je retrouve les abonné(e)s payants la semaine prochaine pour... (roulements de tambour) mon deuxième Journal de Cuisine à la Maison.
Et sinon, pour tous les abonné(e)s, rendez-vous en mars pour une prochaine review de livre de cuisine !
D'ici là, des bises, et amusez-vous bien en cuisine,
Marjorie
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