Mais qui voilà ? (Je suis de retour pour 1 mois !)
Et je vous donne la raison de mon absence pendant ces 10 derniers mois
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~ Temps de lecture : 12 min.
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Petit rappel pour celles et ceux qui se seraient abonnés ces derniers mois sans me connaître : je m’appelle Marjorie, je suis une ancienne libraire qui, un jour, a fait sa crise de la trentaine et s’est dit qu’elle deviendrait charcutière. Oui, j’aurais pu juste renouveler ma garde-robe ou repeindre mon appart’, mais à la place, j'ai décidé que j’irai désosser des carcasses de cochon à 7h du mat’ 🤷♀️ Bref, à l’époque, je me suis dit : j’aime les livres, j’aime la cuisine, alors pourquoi pas faire des critiques de livres de cuisine en parallèle de mon CAP charcuterie ? Ne pourrais-je donc pas devenir, en toute absence de modestie, l’Augustin Trapenard des livres de recettes ? Voilà, depuis j’ai passé le CAP, j’ai arrêté la charcuterie, mais je continue cette newsletter avec bonheur depuis bientôt 4 ans.
👉 Notez que cette newsletter est un peu particulière, comme on ne va pas beaucoup parler de livres, mais un peu de cuisine et beaucoup de moi. Mais promis, la semaine prochaine, c’est back to business.
La grande nouvelle
Hello tout le monde !
Eh oui, je suis encore vivante ! Sans plus attendre, voici la raison de mon absence pendant ces 10 (!) derniers mois :
TADAM !
Mon fils est né le 4 mai.
Alors oui, j’ai un peu mis de côté mes livres de cuisine pour me consacrer à de nouvelles lectures. Je suis devenue archi-fan des stories de Renée Greusard et je me poile quotidiennement avec @ladaronietmtc et @maman.memes. Je me suis réabonnée au Monde pour dévorer les archives de Darons, Daronnes. Clouée au lit, j’ai écouté avec émotion le podcast Sage-Meuf d’Anna Roy, et ri (parfois jaune) devant les déboires de la maman débordée de cette excellente série australienne qu’est The Letdown.
Désormais, j’ai une vraie excuse pour acheter plein plein plein de livres pour enfants. Comme par exemple cet adorable album cartonné, dont le titre est tout simplement une allégorie de ma vie :
Et puis surtout, je passe désormais mes journées à essayer de produire avec mes seins le repas le plus essentiel et le plus ardu de toute ma vie1.
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Donc oui, vous ne m’avez plus vue dans votre boîte mails depuis février, mais je n’avais certainement pas prévu cela. A l’origine, je voulais continuer à vous envoyer des newsletters jusqu’à la naissance de mon fils, faire une petite pause de 3 mois, et vous retrouver toute fraîche toute pimpante en septembre.
Bon. Autant vous dire que l’univers avait d’autres plans pour moi.
Pour commencer, je suis tombée malade pendant mon 2e trimestre. Je me souviens encore du dernier resto qu’on avait fait avec mon compagnon avant la dégringolade : c’était au Bon Coin près des Gobelins, on avait voulu se faire plaisir avec une énorme côte de boeuf et des pommes dauphine. En sortant, c’était bizarre, j’avais une douleur affreuse dans les jambes, au point qu’on est rentré en taxi alors qu’on n’habite qu’à quelques stations de métro. C’était début février et j’étais loin de me douter que je n’allais plus être capable pendant plusieurs semaines ne serait-ce que de me tenir debout sur mes deux jambes, ou d’avaler plus de trois gorgées de soupe par repas. Ni que quasi jusqu’à l’accouchement, je ne mettrais plus les pieds ni dans un restaurant, ni dans ma cuisine.
Je vais mieux aujourd’hui, je vous rassure. Mais bien entendu, cette longue coupure culinaire qui s’est prolongée bien après l’accouchement m’a mise bien dans la mouise niveau planning pour la newsletter 😅
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Ensuite, que vous dire si ce n’est qu’il y a des jours où être mère me comble désormais tellement que je n’ai pas besoin de faire autre chose de ma journée que de m’occuper de mon enfant2 ? Je savoure ces jours qui s’écoulent lentement et ce temps qui passe trop vite, comme dirait une amie. J’ai la chance d’avoir pu m’arrêter de travailler de mon plein gré, sans regret pour cette carrière qui est loin d’être terminée, mais que je peux d’autant plus volontiers mettre en suspens que je me suis bien amusée pendant ces 15 dernières années.
Et vous vous souvenez quand je vous disais qu’une newsletter me prend en moyenne 3 jours de travail ? Autant vous dire qu’avec mon mommy brain, et surtout le manque de temps libre, mon temps d’écriture s’est bien rallongé ! Rien que cette petite newsletter d’intro, j’ai du l’écrire en 458 fois3…
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Enfin, tout ça c’est une chose. Mais avouons-le :
Cuisiner avec un bébé : la galère.
Si je vous dis femme enceinte et nourriture, à quoi pensez-vous ? Au dry January qui dure 9 mois ? Aux nanas qui se jettent sur des sushis dans une barquette en plastique sur leur lit d’hôpital ?
Alors oui, tout ça, c’est vrai. Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg, comparé aux premiers mois après la naissance de l’enfant, lorsque cuisiner devient juste MISSION (quasi) IMPOSSIBLE.
Je pense évidemment aux parents dont les bébés pleurent dès qu’on les pose. Aux bébés RGO qui demandent tant d’attention. A ceux qui se réveillent toutes les deux heures pendant de longs mois. Nous avons eu de la chance, le nôtre n’a pas présenté de “difficulté” particulière. MAIS comme beaucoup de bébés, ses siestes, ses nuits et ses temps d’éveil ont longtemps été imprévisibles - et le sont toujours dans une certaine mesure. Et je ne compte pas le nombre de fois où j’ai cramé des trucs parce que le bébé s’était réveillé plus tôt que prévu, parce que je jonglais entre la casserole et garder un oeil sur lui, etc. etc.
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J’ai repensé à toutes les fois où, dans cette newsletter, j’ai qualifié certains livres de recettes de “simples”. Oui, ils étaient simples… Mais quand on n’est pas parent bonsangdebonsoirdebachibouzouk 😅
Alors comme cet article du New York Times, intitulé “This Food Writer Owes Parents an Apology”4, moi aussi je vous dois des excuses. Je ne savais pas que faire un repas de 30 minutes, c’était la croix et la bannière quand on a un enfant en bas âge, comme le dirait l’autrice de l’article :
Before my daughter was born, I would breezily instruct readers to make a three-part dinner for the whole family in 30 minutes. “I’m not a parent, but …” I would write. I’d insist that a recipe was weeknight-friendly — “even for busy parents!” Sure, it might entail mincing, dicing, marinating and the oven, but it was a sheet-pan meal!
“She’s not a parent,” a commenter once wrote. “Figures.”
“Rude,” I remember thinking.
But Texas4eva45, you were right, and I was wrong: Mincing and dicing require the use of two hands, which is a challenge during the first months of parenthood. One hand needs to be free to hold baby, provide a breast or shake formula at a moment’s notice. And turning an oven off and on creates heat and noise, which can be a sure-fire recipe for an angry baby. (source)
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Alors qu’avons-nous mangé ces premiers mois si c’était impossible de cuisiner ?
Des pizzas surgelées5. Des salades Sodebo. Du fried chicken à emporter en veux-tu en voilà6. Enormément d’assiettes d’assemblage, avec des courgettes cuites vapeur, des pâtes, des croquettes de poisson, une tranche de rôti de porc achetée sous-vide, des frites achetées au kebab d’à côté.
Et puis après tous ces mois de cuisine digne d’une cantine scolaire, j’ai eu un déclic un beau jour de septembre. Tout en étendant le linge et en surveillant mon fils qui commençait à s’impatienter, j’ai fait un cacio e pepe. Ce cacio e pepe était loin d’être crémeux comme il faut, mais il avait le goût d’un cacio e pepe, et c’était un “vrai” plat. Enfin !
Depuis lors, je me suis remise à cuisiner régulièrement, d’abord en faisant des classiques que je connais par coeur et où mon cerveau au ralenti pouvait se mettre en veilleuse sans problème. Puis en appliquant à ma modeste cuisine une mise en place quasi aussi rigoureuse que si j’étais de retour dans une cuisine professionnelle. Et j’ai repris les tests pour la newsletter. Pour mon plus grand bonheur, car Dieu sait si cuisiner des choses nouvelles m’avait manqué.
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L’aparté : Comment cuisiner avec un bébé
Pas mal d’articles abordent le sujet et proposent des conseils évidents mais utiles, comme cuisiner en gros et congeler. Ce qui m’a surtout aidée : faire davantage de “cuisine passive” et qui pardonne facilement niveau cuisson, comme des plats au four - c’est d’ailleurs le thème d’une prochaine newsletter qui sera envoyée aux abonné(e)s payants ! Et comme je vous le disais plus haut, faire de la mise en place : éplucher et couper à l’avance, faire les pesées d’un seul coup, fractionner les cuissons ou les préparations si besoin… Même si, je vous rassure, tout ça ne s’est pas fait sans quelques ratés bien cramés au fond de la casserole !
Et du coup, la newsletter ?
La newsletter est toujours officiellement en pause. Mais ne vous inquiétez pas, mon objectif est d’accumuler suffisamment de newsletters prêtes pour vous en envoyer de nouveau de façon régulière, notamment pour honorer mon engagement envers les abonné(e)s qui avaient pris un abonnement payant annuel en octobre 2022 - vous, vous aurez vraiment eu l’abonnement payant le plus étalé de Substack 😅
Mais d’ici là, je reprends avec plaisir la newsletter pendant un mois. Voici le programme des prochaines semaines :
Un round-up des nouveautés de cet hiver pour les abonné(e)s gratuits et payants
Un [A lire et à manger] pour les abonné(e)s payants - où je vais encore cracher mon venin sur un livre de cuisine qui n’a rien demandé 😅
Et deux critiques de livre : le premier livre de recettes avec lequel je me suis remise en cuisine après la naissance de mon enfant - également pour les abonné(e)s payants. Et une review de La Table Indonésienne de Petty Pandean-Elliott pour les abonné(e)s gratuits et payants.
J’en profite pour répondre à la question que tout le monde (bon OK, 3 personnes) me pose
Ai-je acheté le dernier Ottolenghi ?
Eh bah non !
Déjà, par rapport à vous, je me dis que ce serait bien de varier les sujets 😅 (Quand je pense que j’ai déjà publié 7 newsletters sur Ottolenghi !)
Personnellement, j’ai aussi envie de tester d’autres styles de cuisine.
Et avouons-le : les bibliothèques de Paris vont sûrement le rajouter dans leur catalogue dans un futur proche, alors est-ce que je vais faire ma grosse rapiat et attendre de l’emprunter ? OUI.
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Mais sinon, j’ai pensé à vous. Vous vous souvenez de ma newsletter sur les couvertures de livres de cuisine ? Où je vous avais partagé les couvertures américaines horribles des livres d’Ottolenghi ? Bah admirez celle de Comfort :
Le plus drôle, c’est que le plat et les assiettes choisies ne m’évoquent pas du tout la comfort food, mais bon.
Mais heureusement pour nos voisins américains, ils ont fini par publier aussi le livre avec la couverture originale… Sauf qu’ils appellent ça la “couverture alternative” !
Mais sans blague ! C’est vous les américains qui avez la couverture alternative pendant que le reste du monde a le même bouquin 😂
Enfin, en attendant, quelques idées de lecture
D’ici la semaine prochaine, si vous manquez de lecture, je vous recommande évidemment les newsletters des copines dont je vous ai déjà parlé : Ariane Grumbach, Julia Marras, Lola Spun et Louise Hourcade.
Arrivée dans le game des newsletters depuis peu : Chloé Rouger que vous connaissez déjà - à relire, notre newsletter à 4 mains sur le livre de cuisine espagnole de José Pizarro. N’hésitez donc pas à découvrir sa newsletter culinaire, sa si jolie plume et ses toujours très bonnes recos. Je pense notamment à celle-ci, où elle aborde l’authenticité en cuisine, sujet qui me passionne vous le savez bien.
Enfin, je rajouterai aussi deux newsletters dont je ne vous avais pas encore parlées : celles de Pascale Weeks et Sandrine Goeyvaerts.
Alors, j’ai conscience que vous recommander ces deux autrices, c’est un peu comme le nageur du dimanche qui vous dirait : « Au fait, tu connais Léon Marchand ?! ». Mais pourquoi m’abstenir d’en parler si j’aime leur travail, hein ?
Donc oui, Pascale Weeks, parce que je trouve qu’elle a le chic de trouver, à chaque newsletter, LE bon sujet de cuisine qui va intéresser tout le monde. Et de le traiter de manière claire, pédagogique et appétissante. J’avais trouvé géniale par exemple sa newsletter sur comment réussir une quiche comme chez le traiteur. Quant à Sandrine Goeyvaerts, que vous connaissez peut-être pour son Manifeste pour un vin inclusif, elle n’avait plus envoyé de newsletters depuis septembre 2023, et bim, cet été elle en a envoyé plusieurs d’un coup. J’étais tellement heureuse de la retrouver dans ma boîte mails, et de nouveau réfléchir et m’émouvoir avec elle.
Bref, merci n’hésitez pas à les lire si ce n’est pas encore fait.
Et un dernier conseil : le meilleur cadeau de naissance à offrir à des jeunes parents
Oubliez les petits pyjamas ou les hochets même si c’est trop mignon, offrez de la bouffe. DE LA BOUFFE.
Aller au resto avec mes potes est l’une des choses qui me manque le plus de “ma vie d’avant”. Je vous raconte pas les heures à scroller, pendant ma grossesse, sur le feed du Fooding ou de Time Out juste pour manger par procuration. Dans mes moments de très gros manque, je matais même des photos de sushis de mes restos japonais préférés sur leurs pages Google Maps - c’est vous dire 😅
Alors quand deux de mes copines - pluie de petits cœurs sur elles - m’ont apporté après mon accouchement des take away de restaurants, j’étais folle de joie. Ce tiramisu à la fleur d’oranger de chez Choukran, ce donut au citron de chez Nonette resteront parmi les meilleures choses que j’ai mangées de ma vie. Donc offrez DE LA BOUFFE et faites des heureux(ses), ce sera la conclusion de cette newsletter !
Le mot de la fin
Encore un grand merci pour votre patience pendant cette longue pause, et je vous retrouve donc la semaine prochaine. Portez-vous bien d’ici là et amusez-vous bien en cuisine !
Des bises,
Marjorie
Non vraiment, l’allaitement c’est dur. Plus dur qu’un pithiviers, plus dur qu’une pomme de terre soufflée de mes deux. Ca nous a pris plus de deux mois à mon fils et moi pour trouver nos aises. D’ailleurs, merci Louise Hourcade qui m’a fait découvrir Haley Nahman. Cette dernière a écrit l’un des textes les plus touchants que j’ai lus sur l’allaitement.
Je tiens à dire que j’ai pu écrire cette phrase sereinement maintenant, mais comme pour beaucoup de femmes, j’ai eu un post-partum un peu compliqué mentalement. Encore une fois, rien de grave, mais dans un monde où on a tendance à (trop) idéaliser la maternité, je préférais le préciser.
Et j’ai décidé hier de l’envoyer, parce que j’en avais trop marre de la rererelire - je suis dessus depuis août !
Là, l’autrice pose toute pimpante avec son bébé dans sa cuisine, mais c’est le NYTimes haha.
Ma préférée étant celle aux truffes de chez Picard.
Un Popeye a ouvert place d’Italie, et autant vous dire que ça m’a réjouit au plus haut point.
Enfin lue ! Quel plaisir de te relire Marjorie, trop trop contente que tu sois de retour dans le game ! 🥰🙏 et merci pour la petite dédicace adorable ! 😘
Cette newsletter m’a mise en joie (mis à part tes déboires bien sûr 🙏) bon retour 🎊